COMME UNE DEUXIÈME PEAU
« Je peux faire des concessions avec les autres, mais pas avec moi ». C’est par cette phrase qu’Anthony Delon – qui a écrit lui-même le texte – lance le dossier de presse de présentation de la marque Anthony Delon 1985. Une phrase très « delonienne » en soi, qui présente plutôt fidèlement le garçon, quoi que pour avoir déjà eu l’occasion de travailler avec lui nous savons que même avec les autres, Anthony Delon ne rigole pas avec le travail et n’y est guère enclin aux concessions, avec qui que ce soit.
Propos recueillis par Yves Denis

Aussi pour ce qui concerne sa marque de cuirs, on comprend aisément qu’il se montre particulièrement exigeant. Seuls les plus âgés se souviendront qu’il y a trente ans déjà, le tout jeune Anthony avait lancé sa marque éponyme, et on imaginait bien à l’époque que les personnes qui finançaient celle-ci ne confiaient pas à un jeune homme de vingt ans la responsabilité de celle-ci au-delà du style et de l’image. Clin d’oeil de l’histoire : plus d’un quart de siècle plus tard c’est la renaissance de la griffe qui nous permet aujourd’hui d’apprendre le modus operandi de l’époque. Car entretemps l’homme a vieilli – même si pour quelque mystérieuse raison, les années ne paraissent pas avoir la même prise sur son visage que sur les nôtres – et ne laisserait aujourd’hui à personne le soin de décider pour lui d’un point touchant son image. Et le cuir en fait partie, depuis l’adolescence. C’est même une véritable passion, ce qui explique que la résurrection de la marque qui porte son nom lui tienne tant à coeur et qu’il s’y soit investi sans compter pour que les pièces soient de qualité supérieure et que chacune d’entre elles soit à l’image de ce qu’il aime. « Un homme chic et viril, une femme sensuelle et indépendante » : voilà pour les fondamentaux. Pour ce qui est de la qualité, nos lecteurs fidèles savent l’attention que nous lui portons, et que notre aréopage technique n’a pas la réputation d’être tendre avec les produits « poudre aux yeux ».
Le blouson que nous avons observé jusque dans ses plus petits détails (lire pages suivantes) a fait l’unanimité : une très belle pièce, de surcroît très bien placée en prix. Dont acte. Mais que cela ne nous empêche pas d’en revenir à la genèse de la seconde vie de la marque. Une petite dizaine de modèles et une vingtaine de pièces. Respectivement 9 et 18 pour être précis. Sept pour homme et deux pour femme. Telle est la toute première collection Anthony Delon, présentée au mois de mars et en vente dès la mi-avril. Première remarque en découvrant les différentes pièces : la modernité des coupes et la qualité des peaux. Pas de parka de peau classique ou de bombardier ici, mais des blousons près du corps, des cuirs souples et des Nubucks onctueux. L’expression de la passion plutôt que de la démarche marketing : un bon point. Une collection jeune et clairement haut de gamme. Reste à connaître le prix des différentes pièces et juger par nous-mêmes si le ramage est à la hauteur du plumage. Anthony Delon accepte le principe d’un Gros Plan sans hésiter (un autre bon point a priori ), et nous convenons de nous retrouver une semaine plus tard pour entrer plus avant dans l’univers et l’esprit de la marque.